Le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a réaffirmé vendredi lors d'un voyage en Cisjordanie que Berlin ne comptait pas reconnaître un Etat palestinien dans un avenir proche après avoir averti la veille qu'il était prêt à répondre à toute action unilatérale israélienne, par allusion à l'annexion de territoires palestiniens occupés.
Cette mise en garde a été vertement accueillie en Israël. "80 ans après l'Holocauste, l'Allemagne revient soutenir le nazisme", a écrit sur X le ministre d'extrême droite Itamar Ben-Gvir, déclaré persona non grata par plusieurs pays occidentaux pour incitation à la violence contre les Palestiniens.
Johann Wadephul, qui a rencontré jeudi soir en Israël son homologue israélien Gideon Saar, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Isaac Herzog, a tenté de clarifier la position de Berlin vendredi en déclarant que la reconnaissance de la Palestine par l'Allemagne ne serait qu'une des dernières étapes de la construction d'une solution à deux Etats, israélien et palestinien, cohabitant en paix et en sécurité.
Face à l'indignation internationale provoquée par la catastrophe humanitaire à Gaza, l'Allemagne est tiraillée entre la volonté de faire pression sur Benjamin Netanyahu à l'image de la France et du Royaume-Uni, prêts à reconnaître un Etat palestinien en septembre sans gestes forts de la part d'Israël en faveur de la paix, et son devoir de repentance envers Israël depuis le génocide nazi et son engagement à soutenir inconditionnellement la sécurité de l'Etat juif, résumé en allemand par l'expression Staaträson (raison d'Etat).
"Israël doit toujours trouver des amis, des partenaires et des soutiens au sein de la communauté internationale. Or, cette situation est actuellement menacée. Et s'il est un pays qui a la responsabilité d'empêcher cela, c'est bien, à mon avis, l'Allemagne", a déclaré jeudi soir Johann Wadephul.
Vendredi, le chef de la diplomatie allemande a appelé Israël à garantir aux agences des Nations unies un accès sans entrave à la bande de Gaza et annoncé le versement d'une aide supplémentaire de 5 millions d'euros au Programme alimentaire mondial.
(Rédigé par Riham Alkousaa, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Blandine Hénault)
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